Terrorisme : Macron pointe un « renseignement territorial détricoté »
INFAUX. Au micro de RTL, Emmanuel Macron a dit sa solidarité à la famille du policier tué hier sur les Champs-Élysées. Selon le candidat, l’état des renseignements serait en partie responsable de l’insécurité grandissante.
Emmanuel Macron était face à Yves Calvi et Elizabeth Martichoux. Il a pu exposer ses propositions en matière de lutte contre le terrorisme. Les dispositions actuelles ne seraient pas suffisantes pour éviter des attentats comme celui d’hier soir. Il a notamment déclaré que le « renseignement territorial [a été] détricoté au moment de la réforme de 2008-2010 ».
Que s’est-il passé en 2008 et 2010?
En 2008, un décret est adopté en conseil des ministres. Il acte la fusion entre les RG (renseignements généraux) et la DST (direction de la sécurité territoriale).
Que sont les renseignements généraux et la DST?
Les RG ont été créés en 1907. Ils étaient chargés de surveiller les menaces à la sécurité de l’Etat. L’organisation: une direction centrale, des directions régionales et départementales. Celles-ci devaient gérer la « recherche et la centralisation des renseignements d’ordre politique, social et économique »; mais aussi le« contrôle de la circulation des personnes aux frontières ».
La DST, elle, a vu le jour en 1944. Elle s’occupait jusqu’en 2008 de la lutte contre l’espionnage et contre l’ingérence des puissances étrangères.
La fusion
Nicolas Sarkozy, un an après son accession au pouvoir, souhaite centraliser et « rationaliser » les services de renseignement. Le 25 juin 2008, la DCRI (direction centrale du renseignement intérieur) naît de la fusion des deux agences. Elle reprend leurs missions. Elle doit protéger les intérêts fondamentaux de l’Etat. C’est aussi elle qui lutte contre le terrorisme et les extrémistes violents.
En 2010, le SGDN (secrétariat général de la défense nationale) est remplacé par le secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN).
Typologie des services de renseignement français. Crédits: fondation Ifrap
Pourquoi cette réforme est-elle critiquée?
En mai 2013, un rapport de la mission d’information sur le cadre juridique du renseignement est publié. La mission est dirigée par Jean-Jacques Urvoas, à l’époque président de la commission des lois.
Ce que dit le rapport:
La DCRI ne communiquerait pas assez avec les agents de terrain. Le rapport pointe un certain mépris pour les bureaux locaux. Ceux-ci ne seraient pas assez inclus dans la coopération avec Paris. De plus, les personnes chargées de surveiller les réseaux islamistes ne seraient pas assez nombreuses en raison d’un manque de moyens.
Son efficacité a été fortement remise en cause après les assassinats commis par Mohammed Merah en mars 2012. Manuel Valls avait alors pointé des « failles » de la DCRI. Elle est d’ailleurs transformée en DGSI (direction générale de la sécurité intérieure) en 2014.
Quels moyens pour les renseignements?
Budget du renseignement en France (2016). Crédits: fondation Ifrap
Dernière critique et pas des moindres. Le budget alloué au renseignement serait insuffisant. En 2016, il était de 1,17 milliards d’euros. Après plusieurs années de baisse, ce budget a été revu à la hausse. La DGSE (direction générale de la sécurité extérieure) a les plus grandes dotations. Celles-ci atteignent 644 millions d’euros. Elle se place devant le DGSI (200 millions d’euros).
Maïlys Khider