Nord : la ruée vers l’urne
Roubaix, Lille Saint-Maurice, Deûlémont… Les bureaux de vote ne désemplissent pas en cette matinée du dimanche 23 avril. Une tendance qui semble toucher ces trois communes pourtant bien différentes.

À Roubaix, les habitants ont été mobilisés pour aller voter. Photo : T. PETITJEAN
Roubaix, fin de la capitale de l’abstention ?
« A voté », l’ambiance est calme à l’hôtel de ville de Roubaix. À 11h45, 24 % des inscrits avaient déjà déposé leur enveloppe dans l’urne. « Il y a toujours plus de participants à la présidentielle », assure Margaret Connell, présidente du bureau de vote et adjointe à la sécurité de Roubaix. La ville est connue pour ses forts taux d’abstention aux élections : 31 % en 2012. Cette année, des actions ont été lancées pour mobiliser les habitants : « Le conseil municipal des jeunes a rappelé à tous les parents l’importance d’aller voter, ils étaient très impliqués », précise l’adjointe.
Les votants viennent d’ailleurs accompagnés de leurs enfants. Un père porte sa petite fille jusqu’à l’urne et celle-ci semble très heureuse de déposer l’enveloppe. Le bureau de vote dégage une ambiance conviviale. Derrière l’urne, Caroline Delbar, la femme du maire, est venue en tant qu’assesseur principal. Elle ne tolère pas l’abstentionnisme en France : « Des gens sont morts pour qu’on ait le droit de voter, il faut y aller, c’est la base de la démocratie ».

Pascal David, 60 ans, souhaiterait que les bulletins blancs soient pris en compte si le vote devenait obligatoire comme en Belgique ou en Allemagne. Photo : J. HERENG
Au bureau 416 à Lille Saint-Maurice, le vote plaisir
En quarante-six ans de vie d’électeur, Jean-Pierre Fayeulle l’assure : il ne s’est jamais abstenu. À la sortie du bureau de vote 416, lui et sa femme Valérie témoignent de l’affluence des habitants du quartier Saint-Maurice à Lille : « Ce matin, en sortant de notre immeuble, on a eu du mal à trouver un ascenseur disponible. Le taux de votants chez nous doit être de 100 % ! »
Pas carton plein, mais tout de même : à la présidentielle de 2012, le bureau 416 a été le plus actif de Lille, avec un taux de participation de 83,1 % au premier tour. Ce 23 avril, la queue devant l’urne ne s’est pas réduite de la matinée. À 11h, la participation était déjà de 24,4 % ; à 13h, de 48,3 %. « C’est un quartier avec une population âgée, qui se mobilise. On est plus conscients de l’importance du vote à Saint-Maurice que dans d’autres quartiers lillois », décrit Nelly Baert, 79 ans. Jean-Pierre, lui, déclare sa flamme au suffrage : « Le vote, c’est par plaisir. Je suis contre un vote obligatoire ; nous ne sommes pas dans une dictature ! » Pour Dominique Wauquier, 68 ans, voter est un devoir qui se transmet : « À leur majorité, j’ai voulu donner à mes huit enfants l’habitude de se rendre aux urnes. » L’abstention n’a qu’à bien se tenir.

Deûlémont : pour la première fois, un second bureau de vote a été ouvert. Photo : P. DEWEZ
Deûlémont : des votes à tout bout de champ
Une vingtaine de kilomètres plus loin, à la frontière belge, les Deûlémontois rejoignent la file devant le bureau de vote, enveloppe à la main. Un petit garçon suit ses parents dans l’isoloir, deux quinquagénaires discutent longuement au milieu de la salle, un homme salue le maire et lui parle de ses vacances… « Plusieurs anciens du village sont nés ici, dont moi ! Il y a de tout, ça se transforme. Deûlémont est un village rural, 750 des 1 000 hectares sont cultivés », précise le maire Christophe Liénart (divers droite).
En ce jour de premier tour, l’affluence est plus forte qu’aux autres élections. « On était déjà à 5,5 % de participation à 9h, d’habitude, c’est plutôt 2 ou 3 % ! » constate Isabelle Louvet-Machut, adjointe au maire. « Je ne me souviens pas avoir vu autant de monde ! Si ça continue, on va battre le record ! » À 11h, près d’un quart des 1 419 inscrits avait déjà voté. La journée est placée sous le signe de la rigueur. « Ce que je crains, c’est qu’il y ait des recours, on a ce stress. Il faut qu’on soit clairs tout de suite. La pression est plus importante ». Huit personnes extérieures au conseil municipal se joindront à l’équipe pour le dépouillement.
Timothée Petitjean, Jérôme Hereng et Pauline Dewez