L’immunité parlementaire de Marine Le Pen pourrait tomber
EN CAMPAGNE. Le Parlement européen a lancé mercredi la procédure visant à lever l’immunité parlementaire de Marine Le Pen. La candidate frontiste est soupçonnée d’avoir détourné des fonds européens, via des contrats d’assistants parlementaires, au profit du Front National.
C’est une étape supplémentaire dans l’affaire des emplois fictifs du Front National. Mercredi, le Parlement Européen a lancé une procédure afin que soit levée l’immunité parlementaire de Marine Le Pen. Une immunité qui permet pour l’instant à la candidate de ne pas répondre aux convocations de la justice.
La procédure fait suite à la demande des juges d’instructions du pôle financier de Paris. Une enquête portant sur des soupçons d’emplois fictifs au Parlement avait été ouverte en mars 2015, et confiée en décembre 2016 à des juges d’instruction.
Possible mise en examen de Marine Le Pen
Le parti est soupçonné d’avoir détourné les fonds de l’institution européenne au service du fonctionnement interne du FN. Lors d’une perquisition au siège du parti, survenue en février dernier, les enquêteurs sont tombés sur des documents compromettants. Une note émanant du trésorier du parti, Wallerand de Saint-Just, évoque un vaste système de détournement de fonds, mis en place en haut lieu. Un système que celle qui, à cette époque, présidait encore le parti, pouvait difficilement ignorer.
La levée de l’immunité parlementaire devrait permettre aux juges d’instruction parisiens de poursuivre leurs investigations. A l’issue de l’enquête, la candidate risque une mise en examen pour « abus de confiance ».
Une procédure qui prendra du temps
Avant que l’immunité ne soit levée, plusieurs étapes doivent être respectées. La Commission du Parlement européen se contentera ainsi d’émettre un avis, qui sera ensuite soumis à l’ensemble des députés européens réunis en séance plénière. La députée européenne mise en cause sera ensuite auditionnée une fois qu’un rapporteur aura été désigné. Enfin, la décision de levée d’immunité devra être adoptée à la majorité par les députés.
Marine Le Pen refuse de rembourser les sommes dues
Mais le Parlement européen a déjà commencé à prendre des mesures à l’encontre de Marine Le Pen, qui doit s’acquitter d’une somme de 300 000 euros, que lui réclame le Parlement Européen, après que l’Office européen de lutte contre les fraudes se soit saisi de l’affaire. Cette somme correspond aux salaires de deux assistants parlementaires au Parlement européen qui n’auraient travailler en réalité qu’au Front National. Refusant de payer les sommes dues, son salaire a déjà été raboté et ses indemnités de députée européenne suspendues.
La lenteur des procédures garantit cependant à la candidate une relative tranquillité, du moins le temps de la campagne. Lui laissant le loisir d’émettre les traditionnelles critiques à l’encontre des institutions, et d’une justice qui serait instrumentalisée par le pouvoir. Une parade qui, ajoutée à son refus de donner suite aux convocations des juges, permet à la candidate d’évacuer l’affaire encore pour un certain temps.