Dernier meeting de Marine Le Pen : à boire et à manger
EN CAMPAGNE. Jeudi 4 mai, à Ennemain (Somme), village picard de 227 habitants, la candidate frontiste a choisi d’organiser une grande fête populaire. Dans le champ en face de la mairie, tout était fait pour que les participants passent le meilleur moment possible.
Il est 16h Yannick s’active. Ce soir, c’est un évènement important pour lui. Son camion fait partie des trois sollicités par le Front national pour nourrir les militants venus assister à la grande fête populaire, dernière réunion politique de Marine Le Pen.
Sa collègue, Patricia (le prénom a été changé), fait démarrer la friteuse : « Le terrain n’est pas pratique ici, c’est en pente, il faut faire attention à ce que la friteuse ne soit pas trop remplie », plaisante-t-elle en souriant. À côté d’elle trônent une dizaine de pots de sauces différentes et le stock de saucisses Knacki.
C’est le premier meeting politique du « Ch’ti camion – le goût du Nord ». Depuis quinze ans, Yannick arbore la Somme avec son food truck. Son créneau : l’évènementiel. « Crémaillère, anniversaires, je fais toutes sortes de fêtes », se réjouit-il. Son business fonctionne en bouche-à-oreille. C’est comme ça qu’il a été contacté « il y a trois semaines » par le parti d’extrême droite, pour cette fête un peu particulière.
Des calendriers différents
En face de lui se trouve la buvette. Ils sont trois heureux habitants d’Ennemain à tenir la buvette. Tous du comité des fêtes. L’ambiance est bon enfant, tous se saluent chaleureusement, le monde est petit dans la Somme. Chacun vient récupérer son 25cl de bière à deux euros pour la siroter à côté, sur les tables en bois installées pour l’occasion. « On a dû organiser ça en trois jours ! On a appris lundi pour l’événement », confie l’un des barmans occasionnel.
Photo : C. BOLANO
Le calendrier n’est pas le même que pour les camions de nourriture donc. Mais depuis lundi « en combinant travail et organisation de la venue de Marine Le Pen », ils ont réussi à trouver des tireuses à bière et un camion qui garde toutes les boissons au frais. Mission accomplie. Toutes les tables sont pleines.
Thibault, le maraîcher qui vient d’un village voisin, a lui été prévenu « la semaine dernière ». La fête politique est une opportunité pour vendre ses légumes. Quelques clients viennent faire leurs courses. « Aaah des marchands locaux, c’est bien ça ! », s’exclame un militant qui s’approche intrigué. Entre les salades et les carottes on discute politique : « Macron, ce n’est pas la solution, heureusement qu’il y a Marine ». L’assistante de Thibault acquiesce un peu gênée. Elle n’est pas venue pour le discours : « Je suis là pour aider mon ami. »
Les militants circulent de stand en stand profitant de l’ambiance champêtre du lieu de la fête. Un champ en face de la mairie. Au loin, un château gonflable a même été installé pour les enfants. Mais tous sont surtout venus pour le discours.
Militer, ça creuse
Et soutenir leur candidate, ça creuse. Après l’intervention de « Marine », les militants se ruent sur la buvette et les baraques à frites. Les queues sont longues devant chacun d’eux.
Au « Ch’ti camion – le goût du Nord », Yannick a tombé la chemise. Trop chaud. Il faut être efficace pour nourrir les centaines de participants. Patricia garde le sourire et les accueille pendant que lui s’active aux fourneaux derrière. « Vous savez c’est la vie de restaurateur », lâche-t-il entre la confection de deux hot-dogs.
Photo : C. BOLANO
Les dernières personnes sur place profitent de leur sandwich et de leurs frites devant le concert organisé sur scène. Sur le sol, gisent des gobelets de bières vides. La fête est finie.
Juliette de la Salle et William de Lesseux
Lire aussi : Frite et Churros : à Ennemain, le grand pot de départ du FN
Marine Le Pen : une guinguette rurale pour finir