Docteur Emmanuel et Mister Macron : les deux discours du Président de la République
EN CAMPAGNE. Ce dimanche 7 avril, Emmanuel Macron a remporté l’élection présidentielle. Au cours de la soirée, il a prononcé deux discours qui semblaient radicalement différents. Deux salles, deux ambiances.
Une soirée surréaliste. Emmanuel Macron est entré sur la place du carrousel sur l’Hymne à la joie de Beethoven. Le candidat d’En marche ! n’a pas menti, il a effectivement marché. Une caractéristique que David Pujadas n’a pas manqué de remarquer : « Il marche, il marche vers ce peuple de France qui l’attend. » 3 minutes 37 secondes après chronométrage. 217 secondes d’un homme qui traverse la cour du Louvre. Un contraste immense avec l’atmosphère qui avait entouré son premier discours.
Plus tôt dans la soirée, il avait prononcé un discours extrêmement sobre. Presque étrange. Filmé seul dans son QG du XVe arrondissement, il a lu un texte après quelques cafouillages techniques. Sur l’antenne de TF1, on a pu entendre des techniciens lui indiquer le prompteur et le prévenir que tout serait bientôt prêt. Et à la fin, une longue période de flottement, Emmanuel Macron immobile et sans l’ombre d’un sourire sur toutes les chaînes d’information.
Retour au Louvre : les plans diffusés par les télévisions sont incroyables. La scénographie parfaitement calculée. Emmanuel Macron au centre de l’image, cerné par un pupitre blanc et la pyramide du Louvre.
Quant au discours, il a tenté de se présenter comme un rassembleur. Il s’est notamment adressé aux personnes qui ont voté pour lui sans le soutenir, « pour défendre la république face à l’extrémisme ». Mais aussi aux électeurs de Marine Le Pen : « Je ferai tout pour qu’il n’y ait plus aucune raison de voter pour les extrêmes ». Il s’est aussi adonné à sa ritournelle favorite : parler de Marine Le Pen, cette dernière se fait huer, ce à quoi il rétorque « Ne les sifflez pas ! ».
Il a aussi se poser comme un vainqueur qui ne triomphait pas, qu’il saurait se monter à la hauteur « d’une tâche immense ». Phrase répétée quatre fois, cinq si on compte une variante : « La tâche sera dure. »
Aussi étonnant que cela puisse paraître, les deux discours qu’il a donnés à quelques heures d’intervalle n’étaient pas radicalement différents. La mise en scène oui, le fond non. Les mêmes thèmes et termes ont été utilisés : « peuple de France », « moralisation de la vie publique », « refondation de l’Europe », « assurer la sécurité des Français ». Ce soir, le même discours a été donné deux fois, mais en testant deux décors différents. Peut-être sans trouver un juste milieu.
Toujours est-il que l’image d’Emmanuel Macron devant la pyramide du Louvre est d’ores et déjà rentrée dans les archives de la présidentielle. Que nous ressortirons sans faute dans cinq ans