Macron Leaks : Privés d’en parler, les médias promettent d’enquêter
EN CAMPAGNE. Près de 15Go de documents personnels, principalement des mails, des photos ou encore des documents de comptabilité des membres de l’équipe de campagne d’En Marche ! ont fuité. À deux jours du vote du 2nd tour de l’élection présidentielle les macronleaks viennent s’ajouter à une liste de plus en plus longue de documents personnels piratés. Les médias français restent prudents mais promettent de prendre le temps d’enquêter.
20h49 le 5 mai, Jack Posobiec, un militant pro-Trump et proche de l’extrême droite américaine, partage un lien sur Twitter, qui renvoie vers un fil de discussion 4chan. Sur le forum anonyme se trouvent plusieurs gigas de documents internes – vrais ou faux – de l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron.
Jack Posobiec n’en est pas à son coup d’essai, il est également connu pour avoir relayé le hoax du « pizzagate » à Washington, qui affirmait qu’il existait un réseau de pédophilie autour du directeur de campagne de Hillary Clinton. C’est aussi lui qui avait relayé les documents sur le soi-disant compte d’Emmanuel Macron aux Bahamas mercredi soir.
Wikileaks relaie également le lien et Twitter s’enflamme autour de ce qui constitue désormais les Macronleaks. Nicolas Vanderbiest, spécialiste des phénomènes d’influence sur les réseaux sociaux, a tweeté une cartographie montrant l’influence de la mouvance pro-Trump.
Cartographie de #Macronleaks à minuit.
Mauve = Dénonciation
Vert = l’histoire d’amour entre le FN et les comptes US/Trump . Tout est dit pic.twitter.com/QVsyOdGTEi— Nicolas Vanderbiest (@Nico_VanderB) May 6, 2017
Prudence et dénonciation à la veille du second tour
À la suite de cet emballement sur les réseaux sociaux, la commission nationale des comptes de campagne (CNCCFP), juste avant le black-out médiatique de veille de scrutin, a envoyé une note mettant en garde les médias sur l’utilisation de ces informations.
« La diffusion ou la rediffusion de telles données, obtenues frauduleusement, et auxquelles ont pu, selon tout vraisemblance, être mêlées de fausses informations, est susceptible de recevoir une qualification pénale à plusieurs titres et d’engager la responsabilité de ses auteurs. »
Recommandation aux médias suite à l’attaque informatique dont a été victime l’équipe de campagne de @EmmanuelMacron pic.twitter.com/LaLA1hgXYk
— CNCCEP (@cnccep) 5 mai 2017
Du côté d’En Marche !, un communiqué de presse sorti à la suite des révélations dénonce une ambition « de nuire au mouvement En Marche ! » en ajoutant que les documents provenant du piratage sont « tous légaux et traduisent le fonctionnement normal d’une campagne présidentielle » mais « qu’une grande partie d’entre eux sont purement et simplement des faux ».
La plupart des médias français restent pour l’instant prudent sur ces documents mais promettent d’enquêter en détail.
Cette fuite qui s’est produite la veille du black-out médiatique, a eu tout l’espace nécessaire pour se répandre. Face aux médias baillonnés par la législation française, les fake news se sont multipliées. De nombreux twittos, qui ont eu accès aux Macronleaks, ont commencé à partager des mails qu’ils présentent comme des scandales au sujet Emmanuel Macron et son équipe.
Nombre de journalistes ont réagi en leur nom sur Twitter pour tenter d’endiguer la propagation d’information non vérifiées. Les différents organes de presse ont affirmé qu’ils traiteraient le sujet dès que les règles le leur permettraient. De nombreuses équipes sont probablement en train de s’activer en coulisses pour tenter d’analyser la masse de données et démêler le vrai du faux.